Roxana Azimi_Vous aviez déjà fêté vos quarante ans avec un volumineux ouvrage. Pourquoi avez-vous choisi de publier pour votre jubilé deux livres, dont l’un signé par Julie Verlaine ?
Daniel Templon_ J’ai refait un livre qui rajoute 250 pages au précédent avec dix ans d’expositions et qui sortira en octobre. Le livre de Julie Verlaine a, lui, été commandé par Flammarion. Chacun des onze chapitres raconte mon histoire et l’évolution de l’art contemporain. Le tout est ponctué d’entretiens où je donne ma vision de l’art, de la politique, de l’économie, au risque de ne pas me faire que des amis. La plupart des livres sur les marchands d’art sont à l’eau de rose. Là, ce n’est pas une hagiographie, mais ça montre mon côté découvreur de l’art conceptuel et minimal.
Yvon Lambert était aussi sur ce terrain au même moment.
Yvon avait une vision étroite de l’art. Pendant des décennies, il a dit à qui voulait l’entendre que la peinture était morte. Il a fait un excellent travail, mais il a moins d’ouverture d’esprit que moi. Ma galerie reflète l’art contemporain sous toutes ses formes, et pas des petites idées, petites installations, petits bricolages.
Vous parlez de découvertes, mais vous étiez dans le sillage du galeriste new-yorkais Leo Castelli qui avait lancé ces artistes.
Oui, mais j’ai fait venir ces artistes à Paris. À ce moment-là, les gens n’avaient pas compris qu’on avait changé d’époque, que l’art était majoritairement américain. En allant à la Documenta de Cassel en 1968, j’ai découvert la réalité de l’art. Je m’étais dit : « voilà…