Carole Blumenfeld_C’est votre premier commissariat d’exposition depuis votre départ du musée du Louvre en avril 2013. Pourquoi avez-vous choisi Yan Pei-Ming ?
Henri Loyrette_J’ai beaucoup travaillé avec lui. Nous nous sommes rencontrés au début des années 2000, lors d’un voyage d’État en Chine où nous avons très longuement discuté. C’est un peintre formidable doté d’une générosité native. Il a eu ce rapport immédiat d’amitié, et de ma part d’admiration pour ce qu’il faisait.
Très rapidement, puisque nous avions lancé avec Marie-Laure Bernadac la politique d’art contemporain au musée du Louvre, je me suis dit que ce serait très intéressant d’avoir son regard sur les collections du musée. Il a ainsi présenté en 2009 ses Grandes funérailles de Mona Lisa, qui seront à nouveau montrées lors de l’ouverture du musée du Louvre Abu Dhabi, qui les a achetées.
Ensuite il m’avait demandé d’écrire un texte pour une exposition à la galerie Thaddaeus Ropac à Paris. Et puis, il y a quelque temps, Éric de Chassey a eu l’idée, dans le cadre du 350e anniversaire de l’Académie de France à Rome, de confier à deux anciens pensionnaires dont il savait que l’attelage fonctionnait, c’est-à-dire à Ming et à moi-même, une exposition.
Le sujet s’est imposé de lui-même ?
Ming gardait de son passage à la Villa des mois de travail intensif. Il avait vécu une année dans ce monde de la Villa dans une espèce de splendeur un peu isolée, mais assez éloignée somme toute de ce qui pouvait se passer à Rome. Il s’était beaucoup penché sur la vie interne de la Villa, il avait fait des portraits des pensionnaires, des jardiniers, des voisins, les 108 Brigands, qu’il avait montrés dans le grand salon, dans le cadre d’une exposition collective, mais il sentait la nécessité aussi de revenir et de s’ouvrir sur Rome.
D’emblée, je…