Roxana Azimi_Quand le musée a ouvert il y a dix ans, le bâtiment a été très critiqué, surtout dans la presse étrangère. Comment avez-vous digéré ces critiques ? Pensez-vous que le public appréhende différemment cette architecture aujourd’hui ?
Stéphane Martin_J’ai toujours aimé ce bâtiment depuis le premier jour. Et pas simplement parce que j’étais membre du jury qui a choisi le projet de Jean Nouvel. C’est un édifice qui répond tout d’abord si parfaitement aux contraintes du terrain et au programme muséal à la fois. Un autre des éléments importants à souligner, c’était la vision de Jean Nouvel d’une dramaturgie muséale valorisante pour les collections. Il faut rappeler le contexte dans lequel le musée a ouvert : l’art non européen, africain notamment, n’était jamais regardé pour lui-même. Ces arts et civilisations étaient regardés comme une source d’influence de l’art occidental, comme des documents scientifiques permettant avant tout d’illustrer des théories anthropologiques. La notion de musée implique nécessairement une certaine théâtralité et il n’y a pas de muséographie possible sans théâtre. La dramaturgie choisie par Jean Nouvel répondait à une exigence principale du programme qui était d’organiser le musée comme une promenade dans laquelle le visiteur est amené à faire des choix, prendre un certain nombre d’options par lui-même. La visite du musée ne découle pas d’une logique immuable de la vitrine 1 à la vitrine 100. Le visiteur a la possibilité de s’organiser différents types de visites et l’appréhende comme un des aspects positifs du musée. Les résultats des nombreuses études de public menées durant les dix années écoulées montrent que le bâtiment et son architecture sont parfaitement adaptés, acceptés et aimés du public.
Philippe Régnier_Le musée a quand même dû être adapté pour l’accueil des personnes à mobilité réduite.
Comme dans tout bâtiment neuf, il y a des imperfections. Dès notre ouverture, nous nous sommes employés à les corriger et à apporter des améliorations, notamment pour l’accueil des personnes handicapées. Ces normes, applicables à tous les établissements publics, sont à la fois strictes et se sont étendues au fil des années. Raison pour laquelle nous avons mis en place un comité handicap…