La Vénus qui était présentée sous le nom de Lucas Cranach dans l’exposition « Les collections du prince de Liechtenstein » à l’Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence (lire Le Quotidien de l’Art du 4 février 2016), a été saisie par la justice pour expertise mardi 1er mars suite à des doutes sur son authenticité exprimés dans une lettre anonyme en 2015. Ni le propriétaire, ni Culturespaces, gestionnaire de Caumont Centre d’art, n’avaient été prévenus préalablement. De fait, la méthode choisie par la juge Aude Buresi dont le nom a été révélé par Vincent Noce sur le site du Journal des arts, laisse perplexe. Si elle travaille très certainement sur un vaste réseau d’escroquerie à l’échelle européenne dont de nombreux échos sont récemment remontés à la surface, pourquoi faire autant de bruit et risquer de fragiliser les autres pans de l’enquête ? Pour Me Patrick Ouart, avocat de Culturespaces, qui nous a confirmé s’être constitué partie civile jeudi matin, « c’est un privilège pour le pays d’accéder à cette collection princière », réputée pour la générosité de ses prêts envers les musées français. Si la Vénus se révélait être un faux, la première victime serait le propriétaire. Selon Vincent Noce, la galerie Colnaghi (Londres) aurait acquis l’œuvre pour 3,2 millions d’euros en 2013 auprès d’un fonds d’investissement américain avant de la céder la même année pour 7 millions d’euros au prince du Liechtenstein. Depuis la réapparition de cette œuvre sur le marché de l’art, plusieurs experts émettent des doutes sur son caractère autographe et sur sa provenance assez vague, une « collection privée belge à partir du milieu du XIXe siècle ».