Roxana Azimi_Une grande partie de votre exposition au MMP+, à Marrakech, tourne autour de la question de l’étranger, un sujet très circonstanciel alors que se développent crispations identitaires et peur des différences. Quel message ces pièces portent-elles ?
Mounir Fatmi_Oui, l’exposition passe de la question de l’étranger à celle de l’étrange. De la série de photographies sur John Howard Griffin à celle complètement surréaliste sur Fra Angelico. L’idée était de montrer que le monde est beaucoup plus complexe qu’on ne le pense et que toute tentative de le simplifier ou de le réduire est complètement fausse. La différence de l’autre a toujours fait peur, surtout dans les moments les plus tragiques de notre histoire. Dans l’exposition « Darkening process », je pose la question de l’étranger à travers des figures littéraires et des expériences scientifiques pour démontrer la complexité de cette question, pour essayer de comprendre qui est l’Autre. C’est la question posée par Mohammed Dib dans son livre L’arbre à dires : « Le monde est plein d’étrangers, qui sont les autres ? », que je me pose inlassablement depuis 1999, année où j’ai quitté le Maroc. C’est une quête que je mène à travers l’image dans mon travail d’artiste plasticien immigré.
Vous poursuivez le travail sur Salman Rushdie initié par Sleep. Pourquoi vous êtes-vous attaché à ce personnage ?
Dans le film Sleep, j’ai dû…