Conséquence de l'affaire du faussaire Beltracchi, le tribunal de grande instance de Cologne (Allemagne) a condamné, vendredi 28 septembre, la société de vente aux enchères Lempertz à rembourser l'intégralité du montant de la vente par adjudication d'un tableau (peint par Wolfgang Beltracchi) à l'acheteur Trasteco Ltd., une société basée à Malte.
Attribué au peintre expressionniste Heinrich Campendonk, Rotes Bild mit Pferden (Tableau rouge avec chevaux) a été adjugé en 2006 au prix record de 2,88 millions d'euros (2,4 millions d'euros sans les frais) par le propriétaire de Lempertz, Henrik Hanstein, à la Trasteco Ltd. La société maltaise a chargé la galerie genevoise Artvera's de se procurer le certificat d'authenticité censé accompagner la toile. Lempertz étant dans l'impossibilité de fournir ce document, Trasteco Ltd. a commandé deux expertises chimiques qui ont révélé la présence de blanc de titane, produit qui n'était pas encore commercialisé en 1914, année de datation du tableau.
Le procès intenté à Lempertz par la Trasteco Ltd. à la suite de ces analyses a révélé au grand jour la plus importante affaire de faux tableaux que l'Allemagne ait connue depuis des décennies. Une bonne part de ces oeuvres a été écoulée en France par Wolfgang Beltracchi, sa femme Hélène Beltracchi, et la soeur de cette dernière, Jeannette Spurzem.
Lempertz a été condamné pour « fraude astucieuse » pour avoir omis de vérifier les informations fournies par la vendeuse du tableau et pour n'avoir pas fait procéder à une « analyse scientifique ». Les commentateurs allemands s'attendaient à cette condamnation, puisque les tribunaux jugent dorénavant insuffisante l'étude stylistique pour l'authentification d'une oeuvre d'art. Jusqu'à présent, le certificat d'authenticité stylistique, effectué par un spécialiste, un ayant droit ou l'auteur du catalogue raisonné, suffisait à garantir l'authenticité.
La société Lempertz annonce qu'elle va interjeter appel pour ne pas avoir à payer tout de suite les 2 millions d'euros (elle a déjà versé 800 000 euros), sans compter les énormes frais occasionnés par une procédure qui dure déjà depuis quatre ans.