Le 1er février dernier, Maerten Soolmans et Oopjen Coopit sont entrés dans l’histoire. Ce jour-là, l’ex-ministre de la Culture Fleur Pellerin et son homologue néerlandais signaient à Paris un accord instaurant un partenariat insolite entre le Louvre et le Rijksmuseum d’Amsterdam. Le portrait de ce riche marchand de l’Âge d’or hollandais et celui de son épouse, peints par Rembrandt en paire en 1634, admirés et commentés par Proust, resteront inséparables et visibles par le plus grand nombre. Selon les termes de l’accord, la France achète le portrait de l’épouse et les Pays-Bas, celui du mari, le duo devant être exposé en alternance dans chacun des deux musées, le Louvre ouvrant le bal. Chaque pays a déboursé – la France grâce au mécénat de la Banque de France – la bagatelle de 80 millions d’euros, soit un total de 160 millions d’euros.
Conduite par Christie’s France, la négociation représente l’une des plus grosses ventes privées de tous les temps, et assurément l’une des plus importantes en matière d’art ancien. Et a fortiori concernant des institutions muséales. Le couple – vendu l’équivalent de 176 millions de dollars – rejoint un club très fermé qui comprend Interchange de Willem de Kooning (300 millions de dollars), Number 17A de Jackson Pollock (200 millions de dollars), récents achats du milliardaire américain Ken Griffin (lire Le Quotidien de l’Art d’hier) ou encore Nafea Faa Ipoipo (Quand te maries-tu ?) de Paul Gauguin (300 millions de dollars) acquis par le Qatar Museums Authority.
Le prix dépensé par la France et les Pays-Bas peut à première vue sembler énorme.…