Quand les théoriciens Alex Williams et Nick Srnicek sont venus au Centre Pompidou en 2014 proposer une conférence sur leur manifeste de l’accélérationnisme, le malaise était palpable. Leur proposition d’un post-capitalisme se basant sur une reprise en main des avancées technologiques, selon eux délaissées par une gauche nostalgique – repliée sur l’action directe, les petites communautés, la nourriture locale, les zones autonomes temporaires – faisait grincer des dents. Malgré leur désir de dépasser le capitalisme néolibéral à travers l’automatisation de la production, cela ne pourrait se faire qu’à l’intérieur même du système qu’ils critiquaient et à grosses doses d’optimisme dans un monde futur « post-travail ».
Ce paradoxe traverse nombre de démarches artistiques actuelles, oscillant parfois entre la prise en compte d’un réel accéléré et complexe, et la stricte adoption fascinée des avancées technologiques. Comment situer alors la démarche des artistes Juliette Goiffon et Charles…