Artiste engagé ? La formule est galvaudée, pour ne pas dire sérieusement gâtée depuis que les médias ont érigé le Chinois Ai Weiwei en parangon de l’activisme artistique. L’expression sied davantage à l’artiste français Gérard Fromanger, qui expose au Centre Pompidou, à Paris, à partir de demain. Chez lui, rien de toc ni de choc. Rien de bidon. Sa peinture a beau être narrative, elle n’est « ni décor ni roman », comme il le dit bien dans le documentaire que lui a consacré son complice de toujours, le journaliste Serge July (Entre Duchamp et Picasso, la piste Fromanger). Bien au contraire, elle raisonne et résonne.
Si la rétrospective chronologique organisée par Anne Dary au Fonds Hélène et Édouard Leclerc à Landerneau (Finistère) avait révélé l’épaisseur de son travail initié dans les années 1960, l’accrochage resserré orchestré par le conservateur Michel Gauthier à Beaubourg en souligne la pertinence et l’acuité. Elle éclaire surtout une ambiguïté fondamentale : Fromanger est un vrai peintre, soucieux de son médium. Mais il est tout autant attentif au monde. « Si on regarde Manet, quand il peignait les bords de Seine, il était peintre du monde moderne. Il rendait compte de l’industrialisation, et en même temps…