«L’un des exercices incontournables du rap c’est l’égo trip : le rappeur donne une projection de puissance, une fiction de soi assumée comme telle, qui permet de s’inventer une identité, de s’autodéterminer », énonce Samir Ramdani, au sujet de la capacité performative des mots et de la fiction à transformer les identités dans ses films. Il appartient à une nouvelle génération d’artistes, postcoloniaux malgré eux – Fouad Bouchoucha, Kapwani Kiwanga, Julien Creuzet, Gaëlle Choisne – qui interrogent l’héritage d’une certaine politique des identités dans le champ de l’art. Mais à force d’expositions thématiques regroupant les artistes par le seul biais de leurs origines, autour des notions de territoire et de frontière, ne serait-on pas en train de les assigner à une identité fixe, dictée par leur histoire familiale ? Est-il possible pour un artiste issu de l’histoire postcoloniale de faire un œuvre qui n’évoque pas obligatoirement ces…
Samir Ramdani : Périphérie centrale
Dans ses films, Samir Ramdani, qui a exposé au 55e Salon de Montrouge en 2010, explore les corps comme un champ de bataille à la fois soumis aux stéréotypes et cherchant une singularité, résistant aux règles du pouvoir. Du krump au voguing, de la banlieue à la science-fiction, comment s’inventer une identité qui échappe à la catégorisation ? Il expose actuellement à la Fondation d’entreprise Ricard, à Paris, dans l’exposition « Fertile Lands ».