La démission mercredi de Christiane Taubira et son remplacement au ministère de la Justice par Jean-Jacques Urvoas a eu, parmi ses multiples conséquences, celle de mettre fin à la parité hommes/femmes dans le gouvernement de Manuel Valls. Si les femmes sont encore nombreuses dans son équipe, notamment la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, ce non-respect d’une promesse de campagne de François Hollande a une dimension plus que symbolique. Dans le monde de l’art, sensé être celui de l’ouverture et de l’innovation, les femmes ont également encore du mal à se faire une place. À titre d’exemple, seules deux artistes représentantes de la gent féminine, Annette Messager (en 2005) et Sophie Calle (en 2007), ont occupé le pavillon français de la Biennale de Venise depuis son inauguration en 1912 ! Trop rares sont-elles aussi à la tête des grands musées et institutions dans notre pays. Sophie Makariou qui préside depuis 2013 le musée national des arts asiatiques - Guimet, fait figure d’exception dans les structures publiques à Paris. Il faut dans ce contexte saluer la nomination le 20 janvier de Sylvie Hubac à la tête de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, une institution centrale pour l’accueil d’événements tels la FIAC ou le futur salon annuel des antiquaires, la production d’expositions et l’édition d’art. En septembre dernier, le gouvernement avait choisi pour la première fois une femme pour diriger la Villa Médicis, à Rome, même si le profil atypique de Muriel Mayette pour cette fonction n’est pas sans poser questions.
Ces dernières semaines, l’exemple est surtout venu de l’étranger, du Royaume-Uni d’abord, avec l’arrivée de Frances Morris le 15 janvier à la direction de la Tate Modern à Londres, le musée d’art moderne et contemporain le plus visité au monde. Et l’institution va devenir plus attractive encore à partir du 17 juin avec l’inauguration d’une extension construite par les architectes suisses Herzog et de Meuron, tour de dix étages et de 64,5 mètres de haut. L’exemple est ensuite venu d’Italie, avec la nomination de Christine Macel à la direction artistique de la Biennale de Venise 2017. Après les Espagnoles María de Corral et Rosa Martínez, et la Suissesse Bice Curiger, la conservatrice du Centre Pompidou va être au centre de l’attention du monde international de l’art dans les mois qui viennent, comme l’a été Catherine David lorsque lui fut confié le commissariat de la Documenta X de Cassel (1997).
Ces quelques exemples tirés de l’actualité ne mettent plus qu’en évidence cette nécessaire prise de conscience et le rééquilibrage qui devra s’opérer dans les années à venir, à tous les niveaux. Deux jeunes commissaires d’exposition, Mikaela Assolent et Flora Katz, ont ainsi entrepris de renforcer la présence des artistes femmes sur l’encyclopédie participative en ligne Wikipédia lors d’un Editathon en mars 2015 dans le cadre de Lafayette Anticipation. Une initiative nécessaire.