« Emmenez vos enfants voir des gens tout nus », clame la publicité du musée d’Orsay dans le métro parisien. Pourtant, samedi, quand l’artiste luxembourgeoise Déborah de Robertis s’est allongée nue devant L’Olympia de Manet au musée d’Orsay pour reproduire en live le tableau, l’institution a changé de discours et c’est la police qui a été appelée. L’artiste a été placée en garde à vue puis déférée dimanche soir devant la justice. Déborah de Robertis s’était dotée d’une caméra portative et avait l’intention de filmer les réactions du public pendant sa performance réalisée l’avant-dernier jour de l’exposition « Splendeurs et misères, Images de la prostitution 1850-1910 ». « Il y avait beaucoup de monde devant le tableau. Les agents ont bien réagi, ils ont fermé la salle, lui ont demandé de se rhabiller. Comme elle a refusé, la police a été appelée et l’a emmenée », a expliqué une porte-parole du musée d’Orsay. En mai 2014, toujours au musée d’Orsay, Déborah de Robertis avait exposé son sexe devant L’origine du monde de Gustave Courbet. Le musée avait déjà porté plainte pour exhibitionnisme, a indiqué la porte-parole. L’avocat de l’artiste, Maître Tewfik Bouzenoune, a dénoncé cette arrestation, en déclarant que « mettre un artiste en garde à vue » « est un très mauvais signal », ajoutant que « cette mesure de contrainte, qui est l’expression d’une pudibonderie judiciaire inquiétante, s’adresse à tous les artistes performeurs qui souhaitent s’exprimer de manière trop libre dans l’espace public ». Il s’est aussi référé à la condamnation de l’artiste Steven Cohen, reconnu coupable d’exhibition sexuelle en mai 2014 par le tribunal correctionnel de Paris à l’issue d’une performance au Trocadéro où il avait dansé le sexe enrubanné, relié à un coq lors d’un spectacle de rue. Il avait été dispensé de peine.