Roxana Azimi_Dans l’affaire Ahae, qu’est-ce qui vous a mis la puce à l’oreille ? Est-ce l’exposition soudaine d’un photographe sans grand intérêt au musée du Louvre et au château de Versailles ?
Bernard Hasquenoph_Oui, c’est son exposition de 2013 au château de Versailles qui m’a intrigué. Celle de l’année précédente, dans le jardin des Tuileries rattaché au Louvre, je l’avais à peine remarquée et d’ailleurs pas vue. J’avais juste entendu parler de ce photographe sud-coréen inconnu quand il avait acheté la même année le hameau de Courbefy, dans le Limousin, événement qui avait été très médiatisé. Je l’avais même défendu sur les réseaux sociaux contre les réflexions teintées de racisme de personnes qui se plaignaient que la France soit rachetée par des étrangers. Quand j’ai vu les affiches dans le métro de l’événement à venir à Versailles, je suis resté dubitatif devant la pauvreté plastique de ces images naturalistes gentillettes. Elles n’étaient pas moches, justes banales. Mon impression s’est confirmée en me rendant sur place, au-delà de la belle scénographie. Que venait-il faire dans un établissement public qui se targue d’accueillir des artistes vivants à la hauteur de sa réputation ? C’est la réflexion que je me suis faite sur le moment. Au départ, j’ai juste soupçonné une grossière histoire d’argent, ce qui s’est révélé exact. Dans les deux cas, il s’agissait d’une location d’espaces doublée d’un don en mécénat, ce dont le public n’était pas informé, en…