Roxana Azimi_À quand remontez-vous l’apparition d’un art dit écologique ?
Bénédicte Ramade_On peut le lier à l’apparition de la défense de l’environnement. Certains pensent même que des photographies prises de la vallée de Yosemite en Californie par Carleton Watkins au début des années 1860 auraient concouru à la protection du site. De là à parler d’art écologique, il ne faut pas surestimer le pouvoir des photographies d’expédition dans l’Ouest américain, ni même se méprendre sur l’agenda environnemental de la création des parcs nationaux : il y a plus de patriotisme que de véritable sens écologique dans ce geste, même si au final, on pourrait se dire que seul le résultat compte. De façon plus « officielle », l’art écologique émerge selon moi à partir de 1965 aux États-Unis, en rangs dispersés mais simultanément, avec les époux Helen et Newton Harrison, Patricia Johanson, Alan Sonfist et Mierle Laderman Ukeles. Hélas, leur approche très scientifique du sujet et pourtant en phase avec les développements les plus pointus de l’écologie, n’a pas été bien comprise à l’époque. Les médias leur ont préféré le land art, plus photogénique, initiatique et touristique, et surtout en pleine nature. Les éco-artistes que j’ai mentionnés travaillaient en milieu urbain, nettement moins dépaysant ! Ensuite, il y a eu les actions de l’Allemand Joseph Beuys et de l’Argentin Nicolás Uriburu en Europe, des actions spectaculaires liées à l’essor de Greenpeace et de ses méthodes performatives.
Y a-t-il eu une évolution des formes écologiques ?
Très rapidement, les réponses aux dysfonctionnements environnementaux ont suscité…