Roxana Azimi_En quoi est-ce symboliquement important que l’Ensba soit dirigée par un artiste ?
Jean-Marc Bustamante_Les artistes ont été mis au ban de tous les organes décisionnaires. Il n’y a pas d’artistes dans les conseils d’administration des musées. Les artistes ont perdu leur autorité dans les sphères de pouvoir, ils ont perdu toute crédibilité en devenant fournisseurs d’un système. D’un autre côté, les musées ne s’engagent pas sur des artistes, sur des carrières d’artistes. Les artistes se sont fait avoir. On en a fait des communicants. Je regrette la manière dont Anish Kapoor a communiqué autour de son œuvre vandalisée, en disant vouloir garder les graffitis antisémites, en véhiculant l’image du martyre et du militant. Comme l’art est désormais aux mains de tout le monde, on est dans le spectacle. C’est la raison pour laquelle j’avais choisi le slogan « Artist comes first » au Printemps de Toulouse. L’artiste a perdu beaucoup de terrain et il fallait le remettre au centre. La décision de nommer un artiste à la tête de l’école est courageuse. Je ne fais pas ça pour ma carrière. C’est même anti-productif car les gens peuvent penser que je ne fais plus rien, que je suis juste bon à diriger une école.
L’école n’est-elle pas un pétrolier non réformable ? Tous ceux qui ont voulu la réformer, comme Yves Michaud, se sont cassé les dents…
Il ne faut pas avoir peur de cet ensemble architectural unique, exceptionnel. Il ne faut pas se dire : « laissons l’école crade, ne…