La Biennale d’Istanbul a une chance : elle se déroule dans la magnifique métropole turque, qui, à elle seule, vous fait oublier les manques, errements et aberrations de cet événement organisé jusqu’au 1er novembre sous la houlette de Carolyn Christov-Bakargiev.
Cette manifestation était d’autant plus attendue qu’il s’agit de la première exposition d’envergure que la nouvelle directrice du Castello di Rivoli, à Turin, orchestrait après sa Documenta de Cassel en 2012. Sur le fonds et la forme, l’exercice déçoit. Prenons le titre : Saltwater (eau salée). Le thème convoque les sédiments de l’Histoire, la route du commerce autant que le chemin douloureux des migrants, la cicatrisation et son revers, la corrosion. Malheureusement, le sel est devenu prétexte à un déploiement de formes littérales et spectaculaires nées pour complaire plutôt que pour faire penser. Le sous-titre de la biennale parle pourtant bien d’une « Théorie des formes pensées ». Comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, la commissaire fait-elle mine de découvrir l’évidence, que l’art est cosa mentale, que toute forme artistique est avant tout pensée ? Quant à sa méthodologie dans le…