Lors des ventes consacrées la semaine dernière aux maîtres anciens à Londres, Sotheby’s s’en est plutôt bien tiré, malgré 35 % d’invendus. Le 8 juillet, l’auctioneer a décroché un nouveau record mondial pour Lucas Cranach l’Ancien avec La Bouche de la Vérité, qui a dépassé l’estimation haute (6 à 8 millions de livres sterling) pour atteindre 9,3 millions de livres avec les frais (13 millions d’euros). Le portrait d’un jeune enfant par Ferdinand Bol a lui aussi dépassé son estimation de 2 à 3 millions de livres sterling pour obtenir 5,1 millions de livres sterling (7 millions d’euros), un autre record mondial pour cet artiste. Cependant, il n’y a pas eu une seule enchère pour Dans les blés, scène galante de Fragonard, estimée de 2 à 3 millions de livres sterling. Sotheby’s a totalisé 39,3 millions de livres sterling (55 millions d’euros) pour 57 lots mis en vente. De son côté, Christie’s, le lendemain, a obtenu un total de 19 millions de livres sterling (26 millions d’euros) pour 48 lots, et 35 % d’invendus. La maison a joué de malchance : six œuvres de la collection Russborough - dont une importante tête par Rubens - ont été retirées de la vente à la demande de la Fondation Alfred Beit, visiblement réclamées par l’État irlandais. Christie’s n’a pas non plus réussi à vendre un tableau de Bernardo Bellotto (est. 6 à 8 millions de livres sterling) qui ornait la couverture du catalogue et était estimé très cher. Mais l’auctioneer a décroché un record pour Richard Parkes Bonington avec un paysage du XIXe siècle, vendu 2,5 millions de livres sterling (est. 2 à 3 millions de livres), soit 3,4 millions d’euros. « Dans l’ensemble, ce n’était pas une très grande saison », a commenté le spécialiste et conseiller en peintures et dessins anciens Nicolas Joly, surpris par le « remplissage » des catalogues chez les deux maisons de ventes, avec d’abondantes reproductions de détail d’œuvres en début de catalogue qui, selon lui, n’ont d’autre fonction que de grossir les catalogues… Le spécialiste s’est dit aussi frappé la semaine dernière par la mollesse des enchères des marchands, habituellement très actifs à Londres, comme si les auctioneers avaient décidé de viser surtout de riches particuliers prêts à dépenser sans (trop) regarder…