Ce doit être l’un des temps forts des ventes à l’hôtel Drouot la semaine prochaine. Lundi 15 juin, la société Auction Art dirigée par le commissaire-priseur Rémy Le Fur va disperser une partie de la collection de la princesse Minnie de Beauvau-Craon, provenant des châteaux de Haroué, en Lorraine, et de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Mais une grande partie des lots proposés, surtout les plus importants, est depuis quelques jours sous la menace d’une instance de classement « monument historique » par l’État. Joint au téléphone, Rémy Le Fur juge l’action de l’État « scandaleuse ». Ce classement risque d’interdire ces œuvres de sortie de territoire et donc de les priver d’enchères internationales. « Je suis clairement en faveur du dispositif des Trésors nationaux, nous a précisé le commissaire-priseur. Mais là, après avoir délivré il y a cinq ou six ans des certificats de libre circulation, comment l’État peut-il en dernière minute se raccrocher à une mesure de classement ? Je n’ai jamais vu un cas pareil ». Le mobilier du XIXe siècle provenant du château de Saint-Ouen créé par Louis XVIII et offert à sa favorite Zoé, comtesse du Cayla - dont des torchères par Pierre-Philippe Thomire (est. 100 000-120 000 euros) et un portrait de la dame et ses deux enfants, par le baron Gérard, commandité par le roi (est. 800 000-1,2 million d’euros) -, sont sous la menace de classement. La princesse de Beauvau-Craon, héritière de ces biens, assure les vendre pour payer les travaux du château de Haroué, ouvert à la visite. Comme le note le site La tribune de l’Art, l’État avait acquis des œuvres importantes en 2007 de la princesse, tout en acceptant de les laisser en dépôt au château de Haroué pour agrémenter la visite. Affaire à suivre.