Tout advient là où il y a du jeu, au sens mécanique, quand l’écrou est mal serré, quand la règle peut être dérogée. L’émancipation du cadre passe d’abord pour un signe d’étourderie plutôt que de transgression, une innocente maladresse plutôt qu’une révolte sourde. C’est ainsi que Nicolas Muller dévoie le minimalisme - voilà bien son côté Suisse - sur un ton humoristique qui, dans la répétition pour ne pas dire l’obstination, construit une allégorie sérieuse, et même grave, tout en explorant la possibilité cruciale de produire une forme esthétique. Cet hiver, au Centre d’art contemporain de Genève, il présentait un alignement d’arceaux anti-stationnement cabossés, amarrés à un socle en béton tel un pied beau géométrique nostalgique de son autorité perdue (Sans titre n°4 (GE),…
Nicolas Muller : plan d’évasion
Nicolas Muller (né en 1983) a participé au Salon de Montrouge en 2012. De la feuille de papier à l’architecture, c’est l’espace du dessin que l’artiste installé à Genève conquiert en y rejouant sans cesse le duel entre la rigueur de la ligne et la liberté du geste. Ce schéma mythologique en guise de protocole a fait ses preuves dans un changement d’échelle phénoménal pour l’installation-performance Charbon jouée le mois dernier dans le bâtiment Arcoop (à Carouge, en Suisse), fleuron de l’architecture moderniste (dans le cadre de l’événement musical « Délié »). Nicolas Muller prépare une exposition en septembre à la galerie Bailly, à Genève, et en janvier 2016 à la galerie Maubert, à Paris.