Le libraire, galeriste et éditeur Jacques Matarasso s'est éteint vendredi dernier. Né en 1916, il aura eu plusieurs vies. La première se déroule à Paris. Son père tient une librairie renommée fréquentée par des personnalités artistiques telles que Picasso. Il a ainsi la chance de côtoyer des écrivains et poètes en particulier surréalistes, qui rejoindront les vitrines et rayons de son commerce - Paul Éluard, René Char, André Breton, Aragon, mais aussi Jean Giono. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il quitte la capitale pour se réfugier à Nice. C'est un nouveau tournant puisqu'à sa passion première pour les livres vient alors s'ajouter la fréquentation des artistes de la région, avec lesquels il se lie souvent d'amitié. Parmi eux figurent Alberto Magnelli, Henri Goetz, Jean Arp, Chagall… En 1950, il ouvre sa propre librairie rue de Longchamp, à Paris. Il va y défendre la littérature, mais aussi l'estampe de peintres établis. Il va également exposer des artistes prometteurs qui, plus tard, se feront connaître sous le nom de l'École de Nice. Ces créateurs que l'oeil de Jacques Matarasso a su découvrir se nomment Arman, Farhi, Gilli, Venet, Raysse… Autre vie, celle d'éditeur : vers 1980, le libraire se lance dans la production de textes inédits illustrés par des gravures originales elles aussi nouvelles. Dans les années 1990, il passera la main à sa fille Laure qui tient aujourd'hui la librairie-galerie et a publié un livre sur le parcours de son père. Une série de ventes aux enchères de la collection de Jacques Matarasso avait eu lieu récemment (lire Le Quotidien de l'Art du 28 mars 2014). La dispersion en trois vacations de ses livres s'est déroulée chez Alde en 2012. Puis, deux ans plus tard, celle des sculptures et oeuvres de ses complices de l'École de Nice avait été organisée par Artcurial.