Maître des beaux seins, Maître des mains en spatule, Maître de la coiffe en crête de cop… Les noms donnés par les historiens de l'art occidentaux aux artistes africains montrent combien la recherche sur les attributions n'en est qu'à ses balbutiements. Rares sont en effet les artistes à être (re)connus dans la création africaine de la fin du XIXe siècle au début du XXe. « L'ethnologie ne s'est pas intéressée aux créateurs, mais aux fonctions des objets et à leur technique. Ces objets n'ont donc pendant longtemps pas été considérés comme de l'art, y compris par les avant-gardes du début du XXe siècle qui s'intéressaient à leur forme exotique, pas à l'artiste », explique Lorenz Homberger, co-commissaire de l'exposition « Les maîtres de la sculpture de Côte d'Ivoire »,…
La sculpture africaine, de l'objet à l'oeuvre d'art
Critiqué à son ouverture pour une présentation surtout fondée sur l'esthétique, le musée du quai Branly, à Paris, réaffirme ce parti pris dans sa nouvelle exposition, « Les maîtres de la sculpture de Côte d'Ivoire ». L'institution se détourne ici de l'ethnographie pour se concentrer sur l'artistique. Le parcours insiste ainsi moins sur la fonction des objets que sur leurs auteurs et leur histoire. Riche de 330 pièces magistrales issues des plus importantes collections mondiales, dont certaines jamais sorties d'Afrique, le parcours invite à porter un nouveau regard sur l'art africain.