Sarah Hugouneng_Comment à 22 ans vous êtes-vous lancé dans l'édition d'un livre de Benjamin Péret ?
Bruno Roy_Je n'imaginais pas monter ma maison d'édition. Un jour, j'ai acheté un manuscrit de Péret [Les mains dans les poches] sans savoir qu'il s'agissait d'un inédit. Nous avons décidé alors avec mon ami Claude Féraud, lui aussi passionné par le Surréalisme, de l'éditer avec des gravures d'un autre ami commun, Robert Lagarde, proche d'André Breton, en passant par Léo éditeur. Nous avons créé la collection « Fata Morgana », nom inventé pour la circonstance, en clin d'oeil au poème de Breton. Si j'avais su que cela deviendrait le nom de ma maison d'édition, j'aurais choisi un nom plus sérieux ! Gallimard, cela fait sérieux, Fata Morgana évoque une petite maison de province focalisée sur la poésie. Combien de libraires ai-je vu ranger les livres d'Emmanuel Levinas au rayon poésie sous prétexte que nous l'éditions !
Étiez-vous déjà bibliophile ?
Bibliophile et collectionneur. J'étais collectionneur avant d'être éditeur. Pour mes 12 ans, ma grand-mère m'avait donné 500 anciens francs avec lesquels j'ai acheté un livre ancien chez un bouquiniste de Montpellier, une édition du XVIe siècle d'un texte de Tacite en latin ! C'est dire si je suis intoxiqué depuis longtemps ! J'étais…