D'abord un son, qui saisit le visiteur avant même qu'il ne pénètre dans l'enceinte du Guggenheim Museum. Une énumération de dates paires et impaires, lues d'une voix monocorde par un homme et une femme. Ce que ce couple attablé dans le lobby récite est la suite de chiffres One million years, objet conceptuel fou imaginé par l'Américain d'origine japonaise On Kawara, décédé l'été dernier. Cet artiste clepsydre a fait du passage du temps son obsession à travers une oeuvre d'une discrétion infinie, d'une poésie rêche, réduite à son simple élément, presque un haïku métronomique.
Premier regret, l'exposition a omis ses toutes premières oeuvres, dessins surréalisants de figures quasi spectrales nés de l'horreur de la guerre, rares il est vrai car l'artiste en a détruit un grand nombre. Aussi le parcours s'ouvre-t-il sur son installation…