Judith Deschamps va vite, et quand elle est aux manettes, le présent prend un air de déjà-vu. L'artiste qui a retenu les meilleures leçons de ses aînés conceptuels actualise les notions d'originalité, d'identité et de représentation en se jouant des lois du temps, des frontières du réel et surtout des codes du champ de l'art, dans un effet doublon terriblement habile : « Je ne cesse de simuler ce que je cherche à déjouer ». En metteur en scène et actrice de son propre rôle, la jeune première a déjà commis quelques coups de maître, à commencer par cette timide requête adressée à sa sortie de l'école des arts décoratifs de Strasbourg au directeur du FRAC Alsace, Olivier Grasser, d'intégrer l'institution en occupant son débarras.…
Judith Deschamps : L'intruse
Judith Deschamps (née en 1986) a participé au Salon de Montrouge en 2014. Cette phrase a déjà été écrite, il y a très longtemps peut-être, par Judith Deschamps elle-même. Prononcer son nom c'est déjà plagier un scénario d'anticipation signé par son personnage principal. L'artiste prépare pour fin février la rétrospective des quarante dernières années de sa carrière, à l'invitation du RATS Collectif à Vevey (Suisse). Au Nouveau Festival ce printemps, dans la continuité de sa performance Back to the present, elle aura encore 75 ans. Dans le prochain numéro de la revue Initiales, elle signera une interview fictive avec Andrea Fraser. Elle présente le livre-objet Le(s) Débarras à la Fondation Francès à Senlis, dans le cadre de l'exposition « Crash Test », jusqu'au 31 janvier.