Carole Blumenfeld_Vous présentez aujourd'hui au musée d'art moderne de Saint-Étienne des oeuvres que l'on pourrait dire historiques, mais aussi une pièce monumentale inédite, Elementi Labirinto, Senza titolo, en écho à l'histoire du territoire stéphanois.
Jannis Kounellis_J'avais déjà travaillé à Pékin avec ce schéma, mais pas ainsi. Je le trouve en soit très positif car il ne s'achève jamais, et jour après jour, tout recommence sur ce petit théâtre, cette cavité qui divise l'espace. Elle a surtout une présence et elle imite un schéma extrêmement classique, que je n'abandonne jamais. Pour autant que je me considère comme un homme qui vit le présent et la modernité, je n'oublie pas qui je suis et d'où je viens.
Vous vous définissez comme peintre, mais quelle définition proposeriez-vous justement aujourd'hui de ce métier de peintre ?
Être peintre est une logique, non ? C'est si vrai que du temps de Masaccio, il y avait des Christs pisans avec la tête tournée, puis il y eut le Christ en gloire avec la tête droite. Ce n'est pas parce qu'il était un bon peintre, mais parce qu'il a eu une idée de peintre, une idée qui fait avancer le monde. C'est « être peintre ». Un peintre, ce n'est pas seulement quelqu'un qui réalise une belle chose sur la toile, cela implique une sensibilité…