Éperonné par une énergie peu commune, ce contemporain de Robert Frank, Diane Arbus et Lee Friedlander opère à New York d'abord, puis à Dallas, Houston et Los Angeles. Il jongle avec les points de vue, caresse là une épaule féminine, une chevelure, une nuque épaisse, attrape ici un drapeau, une carrosserie, un bout de trottoir enneigé, slalome entre le coeur des villes prospères et les faubourgs désargentés, fait vaciller les points cardinaux et opère un ébouriffant numéro de derviche tourneur de la photographie. Maître des horizons basculés et des compositions décadrées, Winogrand percute l'Amérique triomphante des années 1950-1960, décrypte celle en proie aux doutes et aux révoltes des années 1970-1980, porté par un…
Garry Winogrand en surrégime au Jeu de Paume
Près de deux cent cinquante photographies de Garry Winogrand sont réunies au Jeu de Paume, à Paris. Voilà de quoi s'enthousiasmer mais aussi rester perplexe. On ne peut à l'évidence que se réjouir d'une telle rétrospective. Depuis celle du MoMA, en 1988, c'est la première dédiée à ce photographe américain disparu prématurément en 1984, à l'âge de 56 ans.