Lors d'un colloque organisé par l'Unesco, des experts et des diplomates ont affirmé que l'État Islamique se livrait à la destruction du patrimoine irakien, toutes confessions confondues. Il en revendrait les antiquités pour financer ses activités. « Le patrimoine irakien est en très grand danger. Nous pouvons éprouver des scrupules à dénoncer des crimes perpétrés contre le patrimoine, alors que les pires horreurs sont commises contre les hommes. Quand les morts se comptent par dizaines de milliers, faut-il se préoccuper du “nettoyage culturel” ? Oui », a déclaré Philippe Lalliot, ambassadeur de France délégué à l'Unesco. Et de poursuivre : « Lutter contre le trafic, c'est lutter contre le terrorisme » pour que « la contrebande n'alimente pas le trésor de guerre et l'armement des organisations terroristes ». Aucun montant concernant ce trafic des biens culturels ne peut encore être avancé. Selon Qais Hussen Rashied, directeur du musée de Bagdad, et ancien directeur du patrimoine et des antiquités, l'EI « fait des fouilles pour vendre (des objets) sur les places européennes et asiatiques par l'intermédiaire des pays alentours. Ces montants financent le terrorisme. (…) Des pièces sont inestimables... Certaines ont 2 000 ans, et peuvent valoir très cher, mais comme il n'y a pas de marché réel, on ne peut dire combien cela vaut ». La tombe du prophète Jonas, de nombreuses statues de Mossoul ou encore des palais assyriens situés dans la zone contrôlée par l'EI ont été « dynamités ou détruits », a expliqué Abdullah Khorseed Qader, directeur de l'Institut irakien pour la conservation des antiquités et du patrimoine à Erbil. « L'Unesco a appelé le Conseil de Sécurité [de l'ONU] à adopter une résolution d'interdiction préventive de tout commerce des objets culturels irakiens et syriens, pour lutter contre le trafic illicite », a précisé Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco.