La 31e Biennale de São Paulo a ouvert samedi dernier au Parque do Ibirapuera, l'occasion de se pencher sur le traitement par la presse étrangère d'une manifestation en prise avec les enjeux du monde contemporain. Le quotidien brésilien O Globo rappelle en effet que « l'idée des curateurs est d'inviter des artistes qui traitent des conflits du monde d'aujourd'hui. […] Cette biennale n'évite pas les sujets polémiques tels que la religion, la sexualité ou le féminisme ». Le journal de Rio de Janeiro cite le communiqué de presse : « La 31e Biennale se comprend comme éminemment contemporaine, en dialogue avec le présent : avec la situation actuelle dans la ville de São Paulo, avec le Brésil, avec l'Amérique du Sud, et, au-delà de son contexte immédiat, avec le monde » (5 septembre). Selon El País de Madrid, « à en juger par les…
Une Biennale de São Paulo en prise directe avec les enjeux du présent
La 31e Biennale de São Paulo a ouvert samedi dernier au Parque do Ibirapuera, l'occasion de se pencher sur le traitement par la presse étrangère d'une manifestation en prise avec les enjeux du monde contemporain. Le quotidien brésilien O Globo rappelle en effet que « l'idée des curateurs est d'inviter des artistes qui traitent des conflits du monde d'aujourd'hui. […] Cette biennale n'évite pas les sujets polémiques tels que la religion, la sexualité ou le féminisme ». Le journal de Rio de Janeiro cite le communiqué de presse : « La 31e Biennale se comprend comme éminemment contemporaine, en dialogue avec le présent : avec la situation actuelle dans la ville de São Paulo, avec le Brésil, avec l'Amérique du Sud, et, au-delà de son contexte immédiat, avec le monde » (5 septembre). Selon El País de Madrid, « à en juger par les 250 oeuvres [présentées], ce que cherchent les artistes, c'est de se mélanger avec la société et de se faire les commentateurs ou critiques acerbes des scandales qui se produisent en elle » (5 septembre). Des sujets que La Nación, le quotidien de Buenos Aires, se plaît à lister : « Le conflit israélo-palestinien, les manifestations de rue au Brésil de l'an passé, la recrudescence raciste récente au états-Unis, l'avortement en Amérique latine, la crise du capitalisme mondial, la transsexualité, les guerres, les abus sexuels dans l'église catholique, les drogues, l'espionnage numérique, les conditions carcérales, le développement de l'évangélisme, la pauvreté, la corruption du pouvoir politique, le rôle des médias… » Rien que ça ! Aussi est-il question dans toute la presse des « polémiques » soulevées par cette biennale, dont la plus relayée fut le renoncement au soutien financier d'Israël (lire notre revue de presse dans Le Quotidien de l'Art du 5 septembre 2014). Pour El Universal de Mexico, « cette polémique ne peut que gagner en vivacité avec l'une des oeuvres qui représente Israël dans la Biennale. Inferno de l'artiste [israélienne] Yael Bartana, qui aborde les manifestations religieuses de “caractère hybride” qui prolifèrent dans le monde contemporain. [Dans sa vidéo], un temple semblable à celui du Roi Salomon est détruit par une explosion, une image qui a déjà commencé à susciter le rejet dans les réseaux sociaux des communautés évangéliques du pays, l'Église Universelle du Règne de Dieu ayant inauguré récemment une réplique grandeur nature de ce qui fut le principal temple de Jérusalem » (5 septembre). C'est que, comme l'explique la Folha de S.Paulo, « quand Charles Esche [curateur de la Biennale] et les autres curateurs - les Israéliens Galit Eilat et Oren Sagiv et les Espagnols Pablo Lafuente et Nuria Enguita Mayo - décidèrent de former une sorte de république curatoriale et de partager une maison dans São Paulo depuis mai dernier, ils avaient l'intention de créer quelque chose avec le bruit du monde actuel. Mais ils ne s'attendaient pas que ce moment soit si chaud ». Et la Folha de relever la présence « au rez-de-chaussée du pavillon […] de “l'espace pour avorter” installé par le collectif bolivien Mujeres Creando, une arène avec des cocons symbolisant des utérus, qui défend la décriminalisation de l'avortement. Il y a aussi un groupe d'artistes qui subvertissent des icônes catholiques présentant des vierges masculines et une vidéo relatant la transformation d'un travesti en prêtre. [Et] face à une puissance publique qui surveille les foules, le travail de l'artiste Ana Lira montre comment le peuple réagit devant les symboles du pouvoir, relevant les affiches d'hommes politiques vandalisées dans la rue pendant les campagnes électorales. “Une réflexion sur la fragilité des images”, selon l'artiste » (1er septembre). Une Biennale qui, pour le Guardian, apparaît dans ses prises de positions comme « un compromis biaisé, peut-être pas tout à fait en accord avec la dimension de confrontation de l'événement. Sponsorisée par Itaú Unibanco, l'une des plus grandes banques du Brésil, soutenue par la Ville de São Paulo et curatée par un collectif exclusivement blanc, on peut toujours se poser la question de savoir à quel point une telle manifestation peut être radicale » (15 septembre).