Élève de Josef Albers à Yale, vivant en France depuis 1964, Sheila Hicks a fait du fil et du textile son médium et son langage. Depuis le mois d'avril, elle occupe un espace sans cesse reconfiguré au sein du Palais de Tokyo, à Paris. Elle expose à partir de samedi à la galerie Frank Elbaz, à Paris.
R. A. Art, sculpture, design, arts appliqués… Les mots à la fois manquent et se bousculent pour désigner votre pratique. Pourquoi ce trouble ?
S. H. J'ai commencé à me dire qu'il fallait faire des récapitulatifs des itinéraires, commenter les choses vécues, ne pas les énumérer comme une liste, faire des « closing remarks » pour les situer. Quand on est plasticienne, on réalise des choses qu'on donne aux autres pour qu'ils les commentent, mais on n'a jamais le dernier mot. J'ai envie de prendre la parole, de commenter les choses que d'autres ont commentées, de corriger des tirs envoyés dans des mauvaises directions, ou qui tombaient à côté. Une phrase, que j'ai trouvée mal placée, m'est restée dans la tête depuis 1965, alors que j'avais été invitée à la biennale de la tapisserie. On m'a dit : « vous savez, ce n'est pas de la tapisserie ».…