À la suite d'une procédure en référé, la maison Osenat a été contrainte d'annuler la vente aux enchères des effets de Napoléon Ier, qui était prévue dimanche dernier à Fontainebleau. « Certaines personnes se prétendant comme co-indivisaires des biens, parmi lesquelles une ancienne ministre du gouvernement Villepin, ont demandé l'interdiction de la vente », explique le commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat dans un communiqué. « Les juges ont ordonné, contre toute attente, la suspension de la vente des souvenirs de l'empereur Napoléon Ier », poursuit-il. L'assignation est arrivée à 18 h 30 samedi pour une audience en référé le lendemain. La maison de ventes a indiqué qu'elle se réservait la possibilité d'une action pour entrave aux enchères. Les lots proposés à la vente, dont une chemise en batiste portée par Napoléon le 4 mai 1821 à la veille de sa mort (est. 30 000-40 000 euros) ou une mèche de cheveux de l'empereur coupée le jour de sa mort (est. 3 000-5 000 euros), étaient « détenus par la vendeuse depuis plus de 45 ans, sans que quiconque ne se soit jamais manifesté auparavant », souligne le communiqué. Ces souvenirs de la captivité de Napoléon dans l'île britannique de Sainte-Hélène et de sa mort ont été ramenés par Achille Archambault (1792-1858), qui fut son valet de pied à la fin de sa vie. Ce dernier les légua à sa petite-fille Marie Marandet, qui eut trois filles et plusieurs petits-enfants. La plainte a été déposée par l'ensemble des héritiers co-indivisaires de deux des trois branches de la descendance de Marie Marandet, dont Catherine Colonna, ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes de Dominique de Villepin. Les héritiers reprochent à la société Osenat d'avoir essayé d'organiser cette vente sans leur accord alors que l'unanimité est requise par la loi, précise leurs avocats. Ils ont par ailleurs fait part de leur volonté de conserver les objets sur le territoire français. « Ils souhaiteraient que cela soit remis à un musée, par exemple le château de Fontainebleau », poursuit Horia Dazi Masmi, l'autre avocate des plaignants.