La commission Limbach chargée d'examiner les demandes de restitutions de biens spoliés par les nazis en Allemagne s'est prononcée jeudi 20 mars en faveur de la Fondation du patrimoine culturel de la Prusse contre les ayants droit des marchands juifs qui réclamaient une partie du « Trésor des Guelfes » vendu à l'État prusse en 1935. Conservé au Kunstgewerbe Museum de Berlin, ce trésor réunit 42 pièces d'objets liturgiques, dont la croix du trésor de la cathédrale de Bâle qui serait un don de l'empereur Henri II (972-1024), la coupe de baptême de l'empereur Frédéric Barberousse, ainsi qu'un médaillon en émail, unique vestige du retable médiéval de l'abbaye de Stavelot. Il s'agit de l'une des plus grandes collections d'art religieux du Moyen Âge. En 1929, l'ensemble des 82 pièces de ce trésor avait été racheté au duc de Brunswick par quatre marchands qui en revendirent une partie à des collectionneurs américains en 1932. En 1935, le reste de la collection fut vendu à perte à l'État prussien pour 4,25 millions de Reichsmarks, 10 % de moins que le prix d'acquisition initial. Trois arguments ont été retenus par la commission pour se prononcer en faveur de la Fondation du patrimoine culturel de la Prusse. Le premier concerne la disparition du document de transaction qui aurait permis d'identifier avec certitude la composition du consortium de marchands responsable de la vente. Le deuxième concerne le prix de rachat du trésor qui serait justifié en raison du contexte économique de l'époque, après le krach boursier de 1929. Enfin, selon Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine culturel de la Prusse, le trésor était entreposé à Amsterdam au moment de la vente, et les Pays-Bas n'étaient pas occupés par l'Allemagne à cette date, ce qui prouverait que la vente n'a pas été réalisée sous la contrainte. Le rapport de la commission n'a pas de valeur juridique mais devrait peser sur la décision finale.