Depuis vendredi matin, une coordination d'intermittents du spectacle occupait le Carreau du Temple où se tiendra à partir de demain le salon du dessin contemporain - Drawing Now, accueillant 80 galeries françaises et internationales. Les policiers ont évacué les lieux hier soir vers 23 heures, juste à temps pour que les exposants puissent installer leurs stands ce matin. Samedi, le comité professionnel des galeries d'art, le syndicat national des artistes plasticiens CGT et la Chambre syndicale de l'estampe, du dessin et du tableau avaient cosigné un communiqué dans lequel ils appelaient la coordination des intermittents à libérer les lieux, soulignant les conséquences désastreuses que l'annulation du salon pourrait avoir aussi bien sur les galeries participantes que pour les quelque 400 artistes qu'elles représentent et les techniciens employés pour l'événement. « Il n'est pas question ici de juger des revendications de la Coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France (CIP-IDF), mais de s'interroger sur les victimes collatérales d'une telle occupation », pouvait-on lire dans ce communiqué. Ce dernier rappelait que Drawing Now est l'un des rares événements parisiens qui permette aux galeries participantes d'exposer de jeunes plasticiens à travers un médium bénéficiant de faibles retombées sur le marché de l'art. Cette initiative de la coordination des intermittents « est à l'opposé d'une cohésion sociale devant s'opérer entre acteurs du milieu culturel », ajoutaient les signataires, mettant en avant la précarité dans laquelle se trouvent également les artistes plasticiens, et le soutien que nombre d'entre eux ont manifesté ces dernières semaines lors du mouvement des « marches pour la Culture ». « J'ai essayé tout l'après-midi d'expliquer aux intermittents notre situation, que certaines galeries et artistes gagnent à peine le SMIC. Je voulais qu'ils n'aient pas de nous une image de gens méprisants, riches et snobinards, parce que c'est ce qu'ils pensent de nous », nous a confié, hier dimanche, l'artiste Éric Corne qui a essayé de jouer les médiateurs. Pour la directrice de Drawing Now, Christine Phal, si le Carreau du Temple n'était pas évacué, c'était l'avenir du salon qui était compromis. « Cela aurait été la fin de Drawing Now. Nous n'aurions pas pu nous remettre d'une édition annulée. Comment retrouver la confiance auprès des 40 % d'exposants étrangers que nous avons ? C'est un salon qui, au bout de huit ans, est parvenu à une notoriété, nous a-t-elle déclaré. 30 % de nos exposants sont des structures fragiles, qui comptent sur ce salon. Les artistes, qui depuis six mois ont travaillé pour produire des oeuvres, comptent aussi dessus ».