Le royaume du Danemark célèbre en grande pompe son héros national, Asger Jorn (1914-1973). La semaine dernière, l'inauguration des deux expositions organisées pour le centenaire de sa naissance était révélatrice de cette personnalité tourbillonnante, maelström d'énergie, d'idées et d'amitiés. Pour la première fois, le Statens Museum for Kunst (SMK), à Copenhague, consacrait une rétrospective à ce « Rebelle sans repos », la princesse Mary du Danemark adoubant officiellement l'artiste au vernissage. L'ambiance au musée Jorn de Silkeborg, créé par le peintre au coeur du Jutland, la plus grande île du pays, était plus fidèle à l'esprit du « rebelle », avec diffusion de L'Internationale en danois, et grand dîner ponctué de poèmes incantatoires, presque « slamés ». Habilement, au lieu de se télescoper, les deux musées ont coopéré pour établir un dialogue, une complémentarité qui fait mouche. Très fourni grâce à la considérable donation effectuée par l'artiste, le musée Jorn a envoyé à Copenhague nombre de ses meilleures toiles, choisissant d'explorer les liens fertiles qui unirent le cofondateur du mouvement CoBrA et maintes figures artistiques majeures de son époque.
La rétrospective du SMK aborde en premier l'influence française du Surréalisme. L'exposition montre une série de dessins automatiques non…