Le braquage au gaz lacrymogène, mercredi soir, des commissaires-priseurs de la société Gros & Delettrez au sortir de l'hôtel Drouot démontre une grande audace de la part de malfaiteurs. Ces derniers avaient soigneusement préparé leur coup. Ils ont profité du bref laps de temps nécessaire aux commissaires-priseurs pour quitter Drouot et rejoindre leurs bureaux situés en face, à une centaine de mètres seulement. Leur butin était ciblé : des bijoux, invendus et achats de la vacation organisée ce jour-là par Gros & Delettrez dans les salles de l'hôtel des ventes, contenus dans une mallette et estimés à plus de 300 000 euros. Cette marchandise facilement revendable est fort prisée des voleurs, en témoignent les récentes affaires en France de braquages de bijouterie. Dans certaines villes de province, les maisons de ventes délocalisent leurs dispersions de joaillerie pour raisons de sécurité. Devant les risques, certains professionnels choisissent de ne montrer les plus belles pièces que sur rendez-vous et ne les exposent pas, ni avant ni pendant la vente. Si c'est Drouot qui a attiré les malandrins, ici, l'hôtel des ventes n'est pas en cause. Celui-ci est surveillé en permanence par des caméras et des gardiens, comme d'ailleurs d'autres lieux de ventes, et sa sécurité a été renforcée ces dernières années. Les malfaiteurs ont fait preuve d'audace en agissant sur la voie publique rue Drouot. Le commissariat de police du 9e arrondissement se trouve en effet rue Chauchat, juste derrière le bloc occupé par l'hôtel des ventes. Le président de Drouot Enchères, Claude Aguttes, veut d'ailleurs voir dans la course-poursuite qui s'est très vite engagée entre les forces de l'ordre et les voleurs « un signe de la réactivité de la police », nous a-t-il confié. Les policiers n'ont mis que quelques minutes à intervenir. « La responsabilité de Drouot n'est pas en jeu. Le risque est dehors et l'affaire aurait pu avoir lieu devant Artcurial ou Tajan », insiste Claude Aguttes. L'histoire rappelle la difficulté de surveiller l'espace public du quartier Drouot où transitent beaucoup de marchandises précieuses. Entité privée, Drouot n'a pas le droit, selon les règles de la CNIL, de filmer la rue. Ce serait éventuellement à la préfecture de police de mettre un tel dispositif en place. Mais antiquaires, experts et commissaires-priseurs du quartier tiennent-ils vraiment à ce que des caméras filment les allées et venues, et leurs clients apportant ou recherchant des objets ?