Frédéric Bruly Bouabré est décédé hier matin à son domicile à Abidjan, dans le quartier de Yopougon, a-t-on appris auprès d'André Magnin, son compagnon de route et galeriste à Paris. Né vers 1923 à Zéprégühé (Côte d'Ivoire), ce penseur, philosophe, poète, conteur, dessinateur et artiste était habité par le désir farouche de tout cataloguer, tout expliquer. Toute l'origine de son oeuvre est liée à un événement marquant de sa propre existence qui se déroula le 11 mars 1948. Selon lui, ce jour-là, « le ciel s'ouvrit devant mes yeux et 7 soleils colorés décrivirent un cercle de beauté autour de leur Mère-Soleil, je devins Cheik Nadro : celui qui n'oublie pas ». À partir de cet instant, il consigne ses recherches sur des manuscrits qui portent sur tous les domaines du savoir. À la recherche d'un langage universel, il invente un alphabet unique, un inventaire des sons qui lui vaudra le surnom de « nouveau Champollion ». Riche de plusieurs milliers de dessins, son oeuvre, très justement intitulée « Connaissance du monde », peut se définir comme une sorte d'encyclopédie du savoir. Une grande rétrospective lui a été consacrée à la Tate Modern, à Londres, en 2010. Il a notamment participé aux « Magiciens de la terre » au Centre Pompidou et à la Grande Halle de la Villette, à Paris (1989) ; à « Worlds Envisioned: Alighiero e Boetti and Frédéric Bruly Bouabré » au Dia Center for the Arts, à New York, et à l'American Center, à Paris (1994-1995) ; à la Documenta 11, à Cassel, en 2002 ; et à la 55e Biennale de Venise, en 2013.