Sur un échafaudage en acier galvanisé dressé comme un affront sous les voûtes d'ogives, des jardinières en plastique vomissent de la mousse de savon sous l'action d'un mécanisme de diffusion d'air. Voilà par quelle rhétorique les oeuvres de Michel Blazy atteignent le sublime : en désignant la simplicité du dispositif et la banalité des ingrédients qui en produisent l'effet. Par la même logique, son intervention - divine - au Collège des Bernardins, à Paris, suscite un plus grand ravissement parce qu'elle a tout d'un geste punk. À la fin du jour, le bain moussant a construit une barricade vaporeuse, des nappes de bulles se déposent en couches épaisses, formant ici des spectres savonneux et là des volutes raffinées, les strates géologiques d'une roche aérienne et chimique. La nuit tout disparaît et le matin tout recommence. Bouquet final est l'oeuvre d'un grand sculpteur, qui a pris à son compte la leçon du minimalisme, de l'Arte povera, fait siens l'aléatoire…