Hou Hanru a été nommé en août dernier, et pour quatre ans, directeur du Maxxi (musée national des arts du XXIe siècle) à Rome, après avoir été directeur des expositions et du programme public au San Francisco Art Institute. Il répond à nos questions.
R. A et P. R. N'avez-vous pas été effrayé de prendre la direction d'un musée d'art contemporain dans une ville, Rome, où un autre musée, le Macro, est en crise ?
H. H. J'ai beaucoup hésité. Finalement, c'est un défi. Cette situation n'est pas propre à l'Italie, elle va se propager partout dans le monde. L'Europe va évoluer vers des difficultés de ce type, donc c'est le moment de regarder ce que l'on peut faire.
R. A et P. R. Même si d'autres pays sont en crise et doivent réduire leurs budgets, la situation transalpine n'est-elle pas spécifique ?
H. H. C'est vrai, l'Italie n'a jamais eu un financement public puissant pour l'art contemporain, mais ce qui est intéressant, c'est qu'il y a beaucoup d'initiatives privées, beaucoup plus qu'en France par exemple. C'est une force très intéressante. Un musée ne doit pas forcément être basé sur une politique centralisée d'État, mais on peut concevoir une institution qui fonctionne comme un point de rencontre et de rassemblement des initiatives. La vision originale du Maxxi date des années 1990, quand tout le monde rêvait de reproduire le miracle de Bilbao. Mais en fait, il est difficile de le refaire. Cela nous permet de penser autre chose.
R. A et P. R. Comme l'Italie ne dispose que de très peu d'institutions publiques en art contemporain, les musées cristallisent beaucoup les luttes politiques…
H. H. Oui, c'est vrai. En même temps, c'est pour cela qu'ils étaient intéressés par recruter un directeur venant de l'étranger. Cela permet de prendre une distance par rapport au chaos interne. Dans la politique italienne, il y a un…