C'était prévisible depuis l'été. François Hébel, directeur des Rencontres photographiques d'Arles, a adressé le 29 octobre un long courrier à Jean-Noël Jeanneney, président du festival, lui demandant une rupture conventionnelle « en définissant les conditions d'un départ négocié, à la hauteur des services rendus ». Dans cette lettre, François Hébel rappelle que le plan élaboré pour sécuriser l'événement sur les dix prochaines années avait été « accueilli chaleureusement par le Conseil d'administration » en juin 2012. Mais, ajoute-t-il : « il s'en est suivi de nombreux rendez vous, courriers, dossiers, chiffrages, généralement restés sans suite ni réaction concrètes de nos interlocuteurs publics ». Lors de la réunion du 22 octobre dernier au ministère de la Culture réunissant la ministre, le préfet et le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ainsi que le maire d'Arles, François Hébel a vu se concrétiser ce qu'il redoutait : « Les ateliers [où se tenaient une grande partie de la manifestation] seront bel et bien entièrement vendus à la Fondation Luma, aux conditions de celle-ci, et sans aucune assurance sur le long terme pour l'accueil des Rencontres, et il nous est dit que le développement proposé, et notamment la partie des stages, n'était pas souhaitée ». Invoquant un rabougrissement inévitable du programme et l'impératif de réinventer de nouveaux lieux sans le financement nécessaire, il estime de fait que les « conditions indispensables pour que je puisse me sentir fidèle à la mission des Rencontres telle que je l'ai conçue et conduite ne sont plus assurées par l'ensemble des membres de droit - les tutelles publiques - du Conseil d'administration ». Du côté de la Rue de Valois, on se défend d'avoir mis des bâtons dans les roues des Rencontres. « Depuis le début, la ministre dit qu'un projet de développement nécessitant 60 millions d'euros d'investissement était impossible dans le contexte actuel, confie-t-on dans l'entourage d'Aurélie Filippetti. Le ministère a engagé une discussion avec la Fondation Luma sur une mise à disposition gratuite d'espaces sur 2014 et 2015. Pour les années suivantes, un travail est à mener avec les différents partenaires ». Peu confiant dans de telles discussions, François Hébel propose néanmoins d'assurer l'édition 2014 des Rencontres ou éventuellement la transition avec son successeur. Bien que plusieurs noms, dont celui de Diane Dufour, directrice du BAL à Paris, circulent d'ores et déjà, les rumeurs sont prématurées. « Une procédure transparente se mettra en place », affirme-t-on Rue de Valois.