À première vue, « Le Voyage » est une exposition comme une autre. De grandes institutions françaises (musée Guimet, Quai Branly, musées des beaux-arts de Rennes ou de Rouen...) sont parmi les prêteurs des 90 oeuvres ; la scénographie est réfléchie, et le propos cadré. Seulement voilà, derrière les cimaises se cachent les fenêtres à barreaux du centre pénitentiaire Sud Francilien de Réau (Seine-et-Marne), et les onze commissaires sont des détenus, pour majorité purgeant de lourdes peines. « C'est la toute première fois qu'une prison est le théâtre d'une exposition d'oeuvres originales, conçue dans des conditions professionnelles, avec la rédaction d'un mini catalogue par les codétenus », explique Nadine Piquet, directrice de la prison. Pendant un an, le projet, entièrement financé par la Fondation Daniel et Nina Carasso, a été chapeauté par Vincent Gille, chargé d'études documentaires à la Maison de Victor Hugo à Paris. Derrière les contraintes techniques (peu d'objets peuvent entrer dans une prison, les détenus n'ont aucun accès à Internet pour le choix…