Le projet de Daniel Buren place Giuseppe Verdi à La Spezia, ville côtière de Ligurie située entre Gênes et Pise, se retrouve au coeur d'un imbroglio politico-culturel. Dans une lettre ouverte, le vénérable architecte italien Alessandro Mendini, 81 ans, président du jury du concours pour la requalification de cette place, s'insurge contre l'enlisement du projet. « J'ai cru en ce concours intelligent, honnête et actuel qui proposait de moderniser totalement une place victime du trafic et en décadence totale », écrit-il. Le concours qui comporte un volet de financement européen est lancé en 2009 par la mairie de La Spezia. Les édiles travaillent avec le prix PAALMA, qui doit intégrer le travail d'un architecte et celui d'un artiste. En l'occurrence, en février 2010, c'est le projet de Daniel Buren qui est retenu. Il inclut plusieurs colonnes de l'artiste. La Surintendance donne son autorisation officielle deux ans plus tard. Mais cette année, tout se gâte. Des opposants au projet lancent une campagne médiatique virulente. Le ministre de la Culture, Massimo Bray, demande dans un tweet la suspension des travaux pour vérifier le bien fondé d'abattre dix pins qui ornent la place. Ces arbres avaient pourtant été déclarés sans valeur historique ou artistique par la Surintendance. Si le projet prévoyait d'abattre ces pins, de nombreux arbres devaient être plantés, dont un jardin d'orangers. À la demande du Surintendant, les travaux entamés sont suspendus. Pour ses initiateurs, cette pétition (www.petizioni24.com/cintura_di_protezione), signée par nombre de personnalités culturelles italiennes, se veut également une défense de la démocratie : « Nous nous élevons contre ces représentations fausses et ignorantes qui avilissent les pratiques démocratiques et les valeurs culturelles », indique le document.