Énorme succès à Londres chez Bonhams mercredi, 5 juin, pour Madonna Laboris, toile de l'artiste russe Nicolas Roerich (1874-1947) représentant la Vierge aidant les âmes à entrer au Paradis. Estimé de 800 000 à 1,2 million de livres sterling (de 940 000 à 1,4 million d'euros), le tableau s'est envolé à 7,9 millions de livres sterling (9,3 millions d'euros), ce qui en fait la toile russe la plus chère jamais adjugée dans une vente d'art russe. Peintre symboliste, Roerich était, avec sa femme, nièce du compositeur Modeste Moussorgski, fondateur d'un mouvement spirituel presque sectaire mélangeant la théosophie, le bouddhisme himalayen et le christianisme oecuménique. Lors de la Révolution de 1917, il quitte la Russie avec sa famille et après un passage par l'Europe et New York, s'installe définitivement dans une vallée de l'Himalaya où il vivra plus de 25 ans, jusqu'à sa mort. C'est dans cette vallée qu'il peint le tableau qui a été vendu chez Bonhams, où l'artiste inscrit le mysticisme orthodoxe de sa jeunesse russe dans ce paysage insolite. La trace de Madonna Laboris avait été perdue depuis près d'un demi-siècle jusqu'à ce que les experts de Bonhams le redécouvrent dans une collection privée américaine. C'est probablement le plus important tableau de l'artiste passé sur le marché depuis la vente « avortée » de la collection du violoncelliste Mstislav Rostropovitch chez Sotheby's à Londres le 18 septembre 2007. L'intégralité de cette fabuleuse collection qui comprenait Le Trésor des Anges, toile plus monumentale de Nicolas Roerich des années 1920, estimée de 800 000 à 1,2 million de livres sterling, avait en effet été acquis in extremis avant la dispersion par l'oligarque russe Alicher Ousmanov pour une somme supérieure à 29 millions d'euros. Dans l'ensemble, la vente de Bonhams a rapporté 12,3 millions de livres sterling (14,4 millions d'euros).