Les journées professionnelles de la 55e Biennale de Venise débutent aujourd'hui. Massimiliano Gioni, commissaire artistique de cette édition 2013, nous présente son exposition internationale qui, sous le titre « Le Palais encyclopédique », réunit 150 artistes provenant de 37 pays.
P. R. Votre biennale est conçue comme une exposition, très pensée, alors que ces manifestations sont souvent construites à partir de listes de noms. Pourquoi avez-vous choisi ce thème du « Palais encyclopédique » ?
M. G. Tout d'abord, j'ai réalisé un projet similaire en 2010 en Corée du Sud quand j'ai fait la Biennale de Gwangju. Lorsque l'on conçoit des expositions aussi grandes, on peut faire ce que ne peut faire aucun autre musée dans le monde. Les biennales ont la taille, parfois l'argent, pour articuler un important survol de différents concepts. C'est ainsi qu'est née cette idée qu'une biennale est davantage une exposition thématique, un musée temporaire, même si elle reste en prise avec l'art du moment, avec les jeunes artistes. En tant qu'Européen, quand je suis allé à Gwangju, je ne comprenais pas qui était le public. Quand je conçois une exposition à Berlin, Londres ou New York, je peux regarder les gens et je sais qui est artiste. En Corée, je ne connaissais personne. Et j'ai commencé à penser à comment concevoir une exposition à destination de différents publics. Comment faire une exposition qui puisse intéresser des gens différents qui ne connaissent pas nécessairement l'art contemporain ? Dans le cas du « Palais encyclopédique », j'ai travaillé par soustraction. J'ai pensé à dix, quinze expositions différentes, et j'ai commencé à éliminer, en ayant à l'esprit celle qui me permettra d'accéder à plus de profondeur de sens. Quelle exposition me permettra d'inclure les artistes que je trouve excitant ou ceux qui développent certaines idées ? Quelle est l'exposition qui aborde un thème…