Ludovic Landolt revient d’un voyage exceptionnel [2] à la hauteur de son objet d’étude : la sanukite, une roche volcanique à la résonance rare. Présente sur l’île japonaise de Shikoku, cette pierre endémique fut utilisée depuis la préhistoire avant de connaître un essor tout particulier. Car la sanukite est connue pour ses propriétés acoustiques et sa propension à diffuser rapidement les ondes. À travers cette aventure qui occupe beaucoup nos échanges, je pense instinctivement à l’ascension du Stromboli par l’artiste povera Giovanni Anselmo (1934-2023) et à comment il a travaillé à nos relations existentielles avec les éléments. En haut du volcan, il cherche son ombre projetée au lever du Soleil et constate qu’elle se dissout dans les airs, situation extraordinaire de vitesse de lumière et d’espace qui sera déterminante dans son œuvre.
Devenue instrument de percussion depuis près d’un siècle, la sanukite fut utilisée par les moines bouddhistes de la région. Elle leur permettait d’annoncer les cérémonies, bien avant que Stomu Yamash’ta (Kyoto, 1947) - musicien de jazz-rock des années 70 reconverti en bonze - n’en devienne le joueur le plus emblématique. Ces « joueurs » de sanukite ont ainsi oeuvré dans le temps à rendre vivant ce patrimoine aujourd’hui en danger. Ils ont depuis été rejoints par un groupe de géologues, ingénieurs, archéologues qui s’attachent à le préserver et grâce auxquels Ludovic a pu s'embarquer : « pourquoi les artistes ne pourraient-ils pas contribuer à leur façon à cet effort ? ».
Cette « culture de pierre » - où comment une matière première s’est déployée dans le temps et s’est distinguée par la multitude d’objets et d’usages qu’elle a générés - est au coeur de ce projet au…