Pour sa participation à la première Biennale d’architecture de Venise en 1980, Hans Hollein, qui devait recevoir le Pritzker Prize cinq ans plus tard, est passé à la postérité comme le parangon de l’architecte postmoderne. Ses colonnes tronquées exposées en majesté dans la grande rue couverte de la Corderie à Venise sont désormais dans tous les livres d’histoire de l’architecture. Le grand mérite de l’hommage qui lui est rendu aujourd’hui au Centre Pompidou, avec le soutien de Max Hollein, fils de l'architecte et directeur du Metropolitan Museum of Art, est de rappeler que ce Viennois né en 1934 et mort en 2014 fut d’abord un acteur capital de la scène avant-gardiste artistique internationale. Très tôt, les collages et images qu’il produit, tel ce porte-avions planté en pleine terre comme un substitut d’une ville de 6 000 habitants, sont acquis par le MoMA et par d’autres artistes, comme Claes Oldenburg. Il fréquente Beuys, lit McLuhan, Barthes, traverse tous les courants, art informel, actionnisme, land art, happening… Il édifie des architectures gonflables, dirige des revues, proclame que « tout est architecture », produit un spray pour modifier nos sens, dessine des boutiques qui sont aujourd’hui des icônes viennoises, dessine des meubles pour Memphis, construit un musée d’art étendu comme une ville dont les salles seraient une fausse usine, une maison de maître… Bref, il est pop avant tout le monde, il est même pop-moderne avant d’être post. Pour le prouver, 170 pièces et un parcours décliné en 14 stations par le commissaire Frédéric Migayrou.
« Hans Hollein. TransFORMS », jusqu’au 2 juin au Centre Pompidou. Catalogue (35 €) sous la direction de Frédéric Migayrou.
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