Arnaud et Maëva Grapain sont frère et sœur. S’il et elle travaillent désormais sous la forme d’un collectif, cette organisation ne fait qu’entériner un principe collaboratif mis en place depuis le début de leurs études. Leur légère différence d’âge (il est né en 1989, elle, en 1992) a parfois impliqué un décalage temporel dans leurs parcours. Mais ils ont toujours réussi à inventer les moyens pour collaborer, le plus souvent à l’étranger, lors de séjours longs qui ont produit des effets nets et durables dans leur œuvre, déjà marquée par leur goût pour les spéculations futuristes, les vestiges industriels et le paysage. À Shanghai, ils ont découvert une organisation sociale puissamment dystopique, appareillée par des technologies de surveillance ubiquitaires. Dès 2016, ils y ont entamé la série « Xray » réalisée par l’altération magnétique de pellicules argentiques lors des passages fréquents à travers des portiques de sécurité, une « boîte noire » de ce voyage. À un niveau plus métaphorique, l’apparition du « smombie » dans leur œuvre est une réponse directe à l’expérience sidérante de la mégalopole chinoise. Ce néologisme qui désigne les piétons qui avancent tête baissée, le nez dans leur téléphone, constitue une figure à partir de laquelle ils pensent des formes possibles de relations aux appareils de communication où se mêlent attachement émotionnel, fascination et mise en danger, sur fond de catastrophe environnementale.
En Allemagne, où Maëva, bientôt rejointe par son frère, s’est installée dès 2019 pour suivre un post-diplôme en sculpture à la Hochschule für Bildende Künste de Braunschweig, avec Thomas Rentmeister, il et elle ont découvert l’architecture de la reconstruction et l’urbanisme mélancolique qui l’accompagne. De leurs balades assidues dans le…