Pour l'année 2024, le différentiel entre dépenses et recettes du Louvre-Lens s'élève à près de 1,1 million d'euros. « Comme de nombreuses institutions, le Louvre-Lens subit depuis 2022 une crise conjoncturelle, liée notamment à l'inflation, la hausse du coût de l'énergie et le dégel du point d'indice », souligne auprès de l'Hebdo Annabelle Ténèze. Directrice depuis 18 mois du musée inauguré en 2012 dans le bassin minier du Pas-de-Calais, elle souligne que celui-ci a connu « une bonne gestion », et tient à faire remarquer : « Nous ne sommes pas en défaut de paiement ! » Le déficit est en effet absorbé par le fonds de roulement du musée. La baisse des recettes s'explique par celle de la fréquentation en 2024 – 401 000 visiteurs contre une moyenne de 450 à 520 000 par an –, due notamment à la fermeture pour trois mois de la Galerie du Temps, attraction phare (et gratuite) du musée, dont les autres espaces sont restés ouverts pendant le chantier. Sur un budget de 15 à 17 millions d'euros, constant depuis 2014, le Louvre-Lens est financé à 15-17 % par des ressources propres (billetterie, mécénat et location d'espaces), et le reste presque entièrement par les collectivités territoriales : sur ce total, 80 % par la Région Hauts-de-France, 10 % par la communauté d'agglomération de Lens-Liévin et 10 % par le Département du Pas-de-Calais. De son côté, l'État met très peu au pot : le Louvre n'apporte pas un centime, mais accorde des prêts majeurs et ses conservateurs sont mis à contribution pour les expositions (récemment « Exils », « S'habiller en artiste » ou « Gothiques »), et le ministère de la Culture 300 000 euros pour le fonctionnement et 900 000 pour la Galerie du Temps (financée également à hauteur de 900 000 euros par un mécénat du Crédit Agricole Nord de France, et 900 000 euros encore par la région). Alors que le budget 2025 doit être voté fin mars dans un contexte général de coupes budgétaires drastiques, Jean-Paul Mulot, conseiller régional (LR) et administrateur du Louvre-Lens, affirme à l'AFP que « l'État ne peut pas à la fois nous demander des efforts sur le budget de notre collectivité, et en même temps ne pas soutenir plus largement un projet commun avec le Louvre ». En attendant le vote fatidique, Annabelle Ténèze souligne que le musée, dont la transition vers l'éclairage au LED a fait baisser d'un tiers sa consommation énergétique, ne prévoit pas de réduire ses horaires d'ouverture ni de renoncer à la gratuité de la Galerie du Temps, dont la fréquentation est en hausse. Le prix du billet pour les expositions temporaires pourrait cependant augmenter, passant de 11 à 12 euros.
Budget : le Louvre-Lens tente de redresser la barre
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BOUILLAND Stéphane / Hemis.fr.