Estimé entre 1,5 et 2 millions d’euros, le premier exemplaire de L’Âge mûr, un bronze de Camille Claudel (1864-1943), fondu en 1907 par son ami et collectionneur Eugène Blot, affrontait le feu des encans le 16 février à Orléans. Après quinze minutes de bataille, à coup d’enchères de 50 000 euros, le chef-d'œuvre s’est envolé, lentement mais sûrement, à 3,1 millions d’euros, face à un tonnerre d'applaudissements dans la salle comble. En retentissant sur le pupitre, le marteau de Matthieu Semont (OVV Philocale), a ainsi enregistré le second record de celle que l’on surnomme la « femme aux doigts d'or », juste après La Valse, adjugée en 2013 chez Sotheby’s à Londres pour 4,5 millions de livres. Il s’agit pour l'artiste de la douzième adjudication ayant dépassé le million d’euros (sans les frais). Et pour cause : allégorie de la fuite du temps, mise en abyme de sa rupture déchirante avec Rodin (elle est conçue à cette époque, entre 1892 et 1898), véritable manifeste de sa virtuosité et de son émancipation artistique vis-à-vis de son maître, la sculpture expertisée par le cabinet Lacroix-Jeannest avait tout pour séduire. Sans compter, que sa redécouverte de ce chef d'œuvre a été particulièrement frappante. En effet, le 17 septembre dernier, Me Semont, le commissaire-priseur ne s’attendait pas à ce rendez-vous avec l’histoire de l’art, lorsqu’il s’est rendu dans un appartement parisien du VIIe arrondissement, inhabité depuis 15 ans. C’est dans l’obscurité la plus totale, en soulevant un drap qu’il découvre alors la belle endormie, disparue depuis plus d’un siècle. Les trois autres bronzes connus de cette pièce figurent dans les collections du musée d’Orsay, du musée Rodin et du musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine.
3,1 millions d'euros pour Camille Claudel
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© Photo Guillaume Souvant/AFP.