Dix ans après l'attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, qui a coûté la vie à 12 personnes, et cinq ans après l'assassinat du professeur Samuel Paty dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, le projet d'une Maison du dessin de presse vient d'être relancé par la ministre de la Culture Rachida Dati. Initié en 2007 par le dessinateur Georges Wolinski et repris par Maryse Wolinski en 2015 après l'assassinat de son époux, le projet avait été officiellement lancé par Emmanuel Macron en 2020. Deux ans plus tard, on lui trouvait un emplacement, un immeuble de plus de 1 500 m² situé rue du Pont-de-Lodi, dans le 6e arrondissement de Paris, avec une ouverture prévue en 2026. Largement soutenue par la précédente ministre Rima Abdul-Malak, l'initiative resta en suspens après son départ en janvier 2024. Selon Le Monde, des questions sécuritaires pourraient expliquer cette frilosité. « Pendant presque un an, nous avons dû faire face à un silence absolu du ministère », regrette Natacha Wolinski, l'une des filles du dessinateur, qui se réjouit de cette « première bonne nouvelle depuis longtemps ». Le 28 novembre, Rachida Dati a en effet confirmé dans un communiqué l'ouverture de la Maison du dessin de presse en 2027. Les détails du projet architectural devraient être présentés début février et les premiers travaux sont prévus pour la fin de l'année. La ministre de la Culture souhaite que « la Maison du dessin de presse soit un hommage de la République aux victimes assassinées pour avoir défendu sans jamais faiblir, et au service de tous les citoyens, la cause de la liberté ». Une liberté également remise en cause outre-Atlantique à quelques jours de l'intronisation de Donald Trump : Ann Telnaes, dessinatrice et lauréate du prix Pulitzer en 2001, a annoncé le 4 janvier démissionner du Washington Post après le refus du journal de publier une caricature dans laquelle son propriétaire Jeff Bezos s'agenouille devant une statue du président milliardaire aux côtés des patrons de la tech Mark Zuckerberg (Meta), Sam Altman (OpenAI) et Patrick Soon-Shiong (NantWorks), également propriétaire du Los Angeles Times. « En tant que dessinatrice de presse, mon travail consiste à demander des comptes aux personnes et aux institutions puissantes, écrit-elle. Pour la première fois, mon rédacteur en chef m'a empêché de faire ce travail essentiel. J'ai donc décidé de quitter le Post. »