Lieux patrimoniaux : la musique entre dans la danse

Les plus conservateurs ont peut-être été surpris de voir débarquer la DJ Deborah de Luca sur les terrasses du château de Chambord en 2017 ou les DJ du label Ed Banger en 2019 pour la première soirée électro au château de Versailles. Mais le public a répondu présent. « Ce sont aujourd'hui 18 000 personnes qui viennent découvrir des talents français émergents et confirmés à Versailles Électro », relève Nicolas Hustache, directeur marketing et communication de Versailles Spectacles, tandis que Cécile de Saint Venant, directrice générale déléguée au développement du domaine de Chambord s'enthousiasme encore de la fulgurance de la réaction des spectateurs. « Les 30 000 places des trois derniers concerts de Chambord Live ont été vendues en moins de dix minutes, et celui de David Guetta en juin 2024, en sept minutes ! Et il y avait encore 80 000 personnes dans les files d'attente du site. » Il faut aussi compter sur les effets à long terme : « Si le premier concert de Deborah de Lucas réunissait seulement 400 personnes, la vidéo postée sur YouTube comptabilise 32 millions de vues, et celle de Carl Cox 16 millions. On multiplie la fréquentation du château jusqu'à 20 fois ! »

La musique pour démocratiser le patrimoine

L'enjeu est donc fondamental pour tout lieu patrimonial qui souhaite à la fois renouveler son image et toucher un public plus jeune, plus local ou plus international. « Pour le concert de Sting, 70 % du public venait de la région, tandis que pour les concerts du festival électro Cercle, 70 % sont extérieurs à la région », relève Cécilie de Saint Venant. Pour répondre aux besoins et attentes des lieux où ils produisent des concerts, la plateforme événementielle Fever ajuste la programmation de ses Candlelight Concerts (concerts à la bougie). Ces derniers, qui couvrent une variété de genres, de Vivaldi à Coldplay, sont intimistes et accessibles, puisque les musiciens donnent des clés d'écoute tout au long du concert, qui ne dure pas plus d'une heure. « Le programme est rassurant pour les spectateurs qui ne se sont jamais rendus à un concert de musique classique, pointe Léa Fesard, responsable des concerts Candlelight en Europe francophone. Les deux tiers de notre public ont moins de 40 ans et nous avons accueilli plus de 3 millions de visiteurs dans une centaine de villes. » Pour les fêtes galantes, reconstitutions de soirées costumées de la cour de Louis XIV ou Louis XV, « les 150 billets sont vendus en quatre heures, et les 2 500 billets du grand bal masqué – plus dans l'esprit clubbing – en 24 heures », poursuit-elle. Des nouvelles propositions qui traduisent une envie du public de vivre le patrimoine autrement.