Le Quotidien de l'Art

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Renaissance d’un sculpteur

Renaissance d’un sculpteur

C’est une « exposition fantôme » qui renaît à La Piscine de Roubaix. Conçue en 2020, cette riche rétrospective de 1 000 m² et près de 200 œuvres rarement montrées du sculpteur français Eugène Dodeigne (1923-2015) n’avait pu être vue du public en raison de la pandémie de Covid-19. Cet automne, la voilà de retour, entièrement remontée et agrémentée de nouveaux prêts. Célèbre dans le nord de la France pour ses grandes sculptures accidentées aux airs de menhirs installées en plein air, collectionné aux États-Unis et dans le nord de l’Europe, ce fils de tailleur de pierre né en Belgique demeure méconnu dans le reste de l’Hexagone. Une belle scénographie aérée met en valeur ses sculptures en bois, en bronze à la cire perdue, en pierre de lave, en pierre beige ou en pierre bleue de Soignies, attaquées à la disqueuse et au burin, mais aussi ses meubles modernistes, ses petites figurines préparatoires en terre cuite, ses peintures abstraites et ses extraordinaires fusains grand format, très habités, dont les traits saccadés répondent aux éclats de pierre – toutes les facettes, souvent insoupçonnées, de ce grand sculpteur influencé par Rodin, Brancusi et Lipchitz. La force brute expressionniste de ses mégalithes rugueux et torturés contraste avec la superbe légèreté des bois polis du début de sa carrière, dont les formes pures et élancées s’inspirent des arts premiers. Comme celui-ci, L’Élan (1954), un succès de jeunesse qui n’a pas pris une ride.

Article issu de l'édition N°2939